American Sweatshop (2025)

J’avais passablement perdu espoir en la cinĂ©matographie de 2025
 et voici qu’un nouveau film entre dans mon top 10 de ceux que j’ai prĂ©fĂ©rĂ©s. Je le mettrais aux cĂŽtĂ©s de Companion, Echo Valley, Together ou encore Frankenstein. Delivery Run et Dangerous Animals sont corrects, aussi.

Il est trĂšs courant que je descende de nouveaux rĂ©alisateurs sans leur laisser la moindre chance aprĂšs un premier trĂšs mauvais film. Je dis souvent qu’ils feraient bien de devenir maçons, cuisiniers, chauffeurs de taxis plutĂŽt que de faire du mal au cinĂ©ma, car ils ne vont pas s’amĂ©liorer selon mon avis tranchant. C’est cruel et subjectif, je sais ! Mais Uta Briesewitz ne fera pas partie de ces gens-lĂ .

Bon, elle avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© directeur camĂ©ra cinĂ©matographique dans Session 9 (2001) qui est le moins bon film de Brad Anderson dont j’avais plutĂŽt apprĂ©ciĂ© The Silent Hour (2024), Stonehearst Asylum (2014), Transsiberian (2008) et surtout The Call (2013). Peut-ĂȘtre que si Briesewitz l’avait rĂ©alisĂ©, il aurait Ă©tĂ© meilleur ?

Uta Briesewitz, nĂ©e en 1967, est une cinĂ©aste et rĂ©alisatrice allemande. Ce film est son premier en tant que directrice. Elle en est Ă©galement productrice exĂ©cutive. C’est Ă©crit par Matthew Nemeth, produit par Barry Levinson et Tom Fontana.

Quelle bonne idĂ©e que de pendre Lili Reinhart (connue surtout pour la sĂ©rie Riverdale) dans le rĂŽle principal. On la voit en tant que modĂ©ratrice de contenu sur les rĂ©seaux sociaux qui va ĂȘtre profondĂ©ment choquĂ©e par un crime violent qu’elle voit dans une vidĂ©o alors qu’elle est au travail.

Sans vouloir trop spoiler, ce film fait partie de ceux qui brisent le quatriĂšme mur. C’est-Ă -dire qu’un ou plusieurs acteur regardent la camĂ©ra et entrent en contact avec le spectateur qui, thĂ©oriquement peut voir les personnages, mais sans ĂȘtre vu. Le quatriĂšme mur est aussi brisĂ© dans des films aussi divers que Eden Lake (2008), Calibre (2018), Funny Games (1997) et son remake Funny Games U.S. (2008), Deadpool (2016), Fight Club (1999), Ferris Bueller’s Day Off (1986), Psycho (1960) et aussi GoodFellas (1990). The Marx Brothers faisaient aussi ceci !

J’ai un profond respect pour ce film qui m’a rappelĂ© l’excellent 8MM (1999). Ici, pareil : on ne sait pas ce qui est vrai, ce qui est faux. On ressent bien le malaise, l’horreur et l’atrocitĂ©, mais le film n’en montre pas trop. Ni en matiĂšre de sexe, ni en matiĂšre de violence. C’est supportable
 mais probablement toujours pas pour les Ăąmes les plus sensibles.

Tant de questions ! Ce film m’en a fait poser beaucoup
 et j’adore ça !

Qu’est-ce qui est tolĂ©rable ? À quel point peut-on faire justice nous-mĂȘme ? Est-ce qu’on pense vraiment au victimes ou on a simplement envie d’ĂȘtre des hĂ©ros en rendant leurs comptes aux criminels, quitte Ă  aller nous-mĂȘme en prison ? Qui dĂ©cide de ce qui est juste ?

Est-ce que tuer un animal pour le plaisir ou pour le manger est différent ? En quoi cela est-il plus acceptable ?

Internet
 qu’est-ce rĂ©ellement ? Est-ce juste un amas de gens, finalement et rien d’autre ?

Peut-on faire un mĂ©tier oĂč l’on traque les vidĂ©os les plus choquantes sans jamais vomir ? Est-ce qu’un psychopathe ferait facilement ce genre de travail ? Et, du coup, un psychopathe est-il forcĂ©ment un criminel ? Notons que si quelqu’un est en danger, il ne va pas rĂ©agir, car ça ne l’atteindra juste pas !

VoilĂ  !
Bien sĂ»r, ce film ne donnera pas toutes ces rĂ©ponses, car c’est bien aussi de dĂ©battre et de philosopher avec soi-mĂȘme aprĂšs avoir vu des Ɠuvres artistiques.

Il y a des personnages secondaires, pas trÚs creusés, mais suffisamment intéressants pour les apprécier ou les détester.

Il y a aussi un alligator dans ce film qui est trĂšs symbolique. Suivant l’endroit oĂč il se trouve, il se peut que le danger change de direction dans notre propre vie. Ou du moins dans la vie de la protagoniste principale. Elle fait de son mieux avec ses dĂ©mons. Mais certains traumatismes ne partent pas. On a beau les exprimer, aller dans une salle de dĂ©tente ou faire du coloriage
 il faut parfois sacrĂ©ment ĂȘtre solide.

Au fond, je ne sais pas exactement ce que la rĂ©alisatrice Ă  voulu dĂ©montrer avec cet alligator. Peut-ĂȘtre qu’elle a laissĂ© le libre choix Ă  l’imagination de dĂ©cider. Ou de ne pas dĂ©cider, car certains verront cette crĂ©ature comme inutile et ne se poseront pas plus de question. Je pense que ceux qui dĂ©testeront le film vont jusqu’Ă  dire que c’était juste des moments pour combler le vide du film. Triste analyse ! TrĂšs simpliste surtout.

Lili Reinhart est impeccable dans son rĂŽle torturĂ©e, vengeresse avec une grande soif de justice. Personne trĂšs humaine avec ses faiblesses, ses failles et ses forces. J’ai revu certaines scĂšnes deux fois, voire plus
 et j’ai, Ă  chaque fois, mieux compris ses rĂ©actions parfois ambiguĂ«s.

Oui, je pourrais en parler encore pendant des heures, mais vous en savez suffisamment pour savoir si vous avez envie de le voir ou pas. Ce n’est pas un film d’horreur, ni de science-fiction. Ce n’est pas une comĂ©die romantique, ni un film d’action. C’est un thriller dramatique correct, sans suspense insoutenable, sans violence extrĂȘme, sans scĂšne de torture et, franchement, cela me fait trĂšs plaisir de voir un film comme ça encore Ă  notre Ă©poque.

Rating: 4.5 out of 5.


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