Nocturne (2020)

DĂšs que le film a commencĂ©, je me suis dit : «Ça, c’est vraiment de l’art !»
On y voit une violoniste de dos en train de jouer. On voit son reflet dans la fenĂȘtre en face d’elle. Par contre, c’est filmĂ© et mis en scĂšne de telle façon qu’on ne voit presque pas le violon dans le reflet. C’est comme un fantĂŽme qui joue d’un instrument invisible. Puis, on entend les coups d’une horloge et la musicienne se fige. Elle va vers un mur blanc et cette couleur devient soudain dorĂ©e. Mais ensuite on assiste Ă  une grosse tragĂ©die
 avant que le gĂ©nĂ©rique ne commence.

Dans ce gĂ©nĂ©rique, on entend du piano en virtuose et parallĂšlement, on voit de trĂšs jeunes enfants jouer aussi au piano. Ce qui donne l’illusion qu’ils savent trĂšs bien jouer, mis on se rend rapidement compte qu’ils ne jouent pas du tout ce que l’on entend.

VoilĂ  pour cette intro incroyable !

Alors, je constate que ce film n’a pas Ă©tĂ© vraiment apprĂ©ciĂ©. Et pourtant, j’ai bien aimĂ©.

J’ai lu ceci : «On ne vous l’apprendra pas, de “Suspiria” Ă  “Black Swan”, l’environnement strict d’un Ă©tablissement prestigieux fixant l’idĂ©al artistique comme seul objectif Ă  la rĂ©ussite de ses Ă©lĂšves s’est toujours mariĂ© Ă  la perfection aux divers registres de l’horreur pour donner des sommets de cinĂ©ma prĂ©sents encore aujourd’hui dans toutes les tĂȘtes. En s’inscrivant dans cette droite lignĂ©e, il Ă©tait donc logique que “Nocturne” (2020), troisiĂšme long-mĂ©trage de l’anthologie “Welcome to the Blumhouse”, attire dĂ©jĂ  un peu plus l’Ɠil que ses autres collĂšgues Ă  l’annonce de leur sortie.»

C’est assez bien expliquĂ© ! Black Swan est de 2010, si jamais.

C’est le premier long-mĂ©trage de Zu Quirke, qui en a aussi Ă©crit le scĂ©nario. Le film a Ă©tĂ© produit par Blumhouse Productions en exclusivitĂ© pour Amazon Prime Video dans l’anthologie de 8 films “Welcome to the Blumhouse”. Il va sans dire qu’avec les annĂ©es, Blumhouse Productions s’est positionnĂ© comme une valeur sĂ»re du style horrifique et c’est encore une fois confirmĂ© avec ce film.

Pour moi, Nocturne est un film rĂ©ussi et nul besoin d’apprĂ©cier la musique classique, ni le piano pour succomber Ă  la profondeur de l’histoire. Deux sƓurs jumelles, toutes deux virtuoses de l’instrument, dans une grande Ă©cole de musique, s’apprĂȘtent Ă  passer le trĂšs convoitĂ© concours final de fin d’annĂ©e, lorsque l’une d’elles, peut ĂȘtre la plus introvertie, tombe sur un livre “malĂ©fique”. L’histoire ne tombe pas franchement dans le fantastique ou l’horreur, elle reste au bord de la rĂ©alitĂ©, sans en faire trop et force le trait sur les personnalitĂ©s des jumelles. Je me suis pris au jeu et me suis accrochĂ© Ă  ce concours tout en apprĂ©ciant les progrĂšs des performances de l’une et l’autre. Une histoire captivante grĂące Ă  un scĂ©nario fort et une trĂšs belle rĂ©alisation.

C’est sĂ»r que classer ce long-mĂ©trage dans Épouvante-Horreur ou mĂȘme Thriller est dĂ©licat. Je ne savais pas trop dans quoi j’allais me lancer. Je regarde rarement des bande-annonces. Il m’arrive de me lancer dans un film sans savoir si c’est policier, suspense ou horrifique. LĂ , c’était pour le plaisir de continuer Ă  voir la filmographie de Sydney Sweeney.

Nocturne n’est pas un film d’horreur pour ados, mais un thriller psychologique, mystĂ©rieux, angoissant, qui joue d’une Ă©vidente subtilitĂ©. Bien rĂ©alisĂ© et bien jouĂ©, il nous transporte dans une certaine vision de l’enfer: la jalousie. Je ne me suis pas ennuyĂ© un seul instant, malgrĂ© le manque de rythme ! Ce n’est pas un ridicule giallo italien et c’est trĂšs bien ! Il y a un travail de rĂ©flexion et d’écriture sur ce film.

La musique va donc avoir une place à part entiÚre. Personnellement, je ne suis pas réfractaire au classique et heureusement. Elle est omniprésente et va donner un caractÚre au film. De plus, lors de certaines scÚnes, on va aussi avoir le droit à des musiques plus décalées, voire psychédéliques. Cela fait bien ressortir la personnalité des protagonistes.

J’ai aimĂ© cette rivalitĂ© entre les deux sƓurs. Les actrices choisies sont vraiment excellentes. Sydney Sweeney, connu pour son rĂŽle dans Euphoria (2019), nous sort encore une grande performance. Elle arrive Ă  capter notre attention. Sa sƓur jumelle pour l’occasion, Madison Iseman, qu’on a pu voir dans Chair de Poule 2/Goosebumps 2 (2018) et les deux Jumanji (2017 & 2019), n’a pas Ă  rougir. J’ai Ă©tĂ© tout autant Ă©patĂ© et ravi par sa prestation. Ce duo qui se tient tĂȘte donne du piment.

Le film passe plutĂŽt bien. L’histoire est facile Ă  suivre grĂące Ă  une construction en Ă©tape. C’est simple et permet de garder toute son attention. C’est lent sans ĂȘtre long, les acteurs sont bons. La mise en scĂšne est bien, mais il manque un truc pour en faire un excellent film.

Cependant, cela n’empĂȘche pas en prenant du recul de repĂ©rer ce qui cloche. Notamment que le rĂ©cit est un peu bancal. En effet, finalement, on a assez peu d’explications du “pourquoi”. L’Ă©lĂ©ment primordial du journal est balancĂ© brut, sans jamais rĂ©ellement trouver d’explication convaincante. Mais cela change un peu des autres films qui ont toujours un peu les mĂȘmes explications genre secte, vaudou, malĂ©diction suite Ă  un meurtre ou un massacre.

Les plus exigeants n’auront une fois de plus pas leur compte. Il y a toujours ceux qui vont dire bĂȘtement : «Ah bon ? C’est de l’horreur ça ? Y a mĂȘme pas de gore !!!» ils vont juste dire que c’est un mauvais film d’horreur surnaturel qui ressemble plus Ă  un film dramatique ou psychologique. Du coup, les fans de thriller surnaturel pourraient pleinement apprĂ©cier.

En fait, l’atmosphĂšre a tendance Ă  prendre le pas sur le pur horrifique. J’aurais put-ĂȘtre aimĂ© avoir des passages plus forts afin d’ĂȘtre vĂ©ritablement marquĂ© par l’Ă©pouvante.

En conclusion :

TrĂšs bonne surprise ! On s’immerge dans ce film hypnotique et envoĂ»tant. Les images et la saturation des couleurs jaune et rouge (le soleil noir), mais aussi l’utilisation de la musique classique tant qu’Ă©lectronique y contribuent fortement. Excellent casting pour l’actrice principale, Ă©nigmatique, troublante, mais aussi ingĂ©nue lorsqu’elle semble mue par des forces qu’elles ne comprennent pas et dont le physique et certaines scĂšnes Ă©voquent Ă©videmment Carrie de Brian De Palma et les deux versions de Suspiria. InquiĂ©tante Ă©trangetĂ© qui accompagne le spectateur tout au long du film et dans laquelle il s’installe dĂ©finitivement jusqu’Ă  cette double scĂšne finale, trĂšs troublante


Rating: 4 out of 5.

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